Mécanisme de la création Artistique
CHEZ L’ARTISTE
PHASE I : L’INSPIRATION
Cette phase peut se faire dans un état de transe : Rouget de l’Isle, Van Gogh,… ou bien de façon automatique : J.S. Bach tous les jours à sa table de travail. Ces deux procédés peuvent coexister chez le même artiste.
Ce phénomène met le créateur en communication directe avec son subconscient. Ce mécanisme ne dépend pas de la volonté. C’est au point que certains artistes ont du mal à expliquer ce qu’ils ont voulu dire, de la même façon que les gens ont du mal à expliquer leurs rêves. Enfin, lorsque l’inspiration se tarit, l’artiste ne peut plus créer ce qui le met mal à l’aise et le pousse parfois à aller consulter un psychiatre, un psychanalyste, un psychologue…
PHASE II : LA REALISATION
L’artiste éprouve le besoin de matérialiser son inspiration. Cette phase nécessite la maîtrise d’une technique et parfois de longues années d’apprentissage. Par exemple en musique : solfège, harmonie, contrepoint, pratique d’un instrument.
On va trouver des oeuvres d’imitation : nature morte, portrait, paysages, et des oeuvres « fantastiques » : Bosch, les Symbolistes, les Surréalistes, Art Brut…Voir Nietzsche : « La Naissance de la Tragédie » : distinction entre l’Apollinien et le Dionysiaque.
PHASE III : LA CONTEMPLATION
1 Contemplation de l’oeuvre réalisée
Une fois réalisée, l’artiste va contempler son oeuvre d’un oeil critique. Si elle ne lui plait pas, il va la détruire, où la retoucher jusqu’à ce qu’il soit satisfait.
2 Contemplation des Œuvres d’Art
Cette phase de contemplation concerne aussi des oeuvres d’art que l’artiste n’a pas créées : c’est-à-dire les oeuvres d’autres créateurs. C’est souvent le choc provoqué pas les oeuvres des grands maîtres qui décide de la carrière artistique d’un adolescent, voire d’un adulte.
Que ce soit l’oeuvre qu’il a réalisée, où celle d’un autre, il s’établit une communication entre l’oeuvre d’art et l’artiste, au point que cela peut provoquer un choc artistique intense : syndrome de Stendhal.
Encore une fois, l’oeuvre dépasse le concepteur qui a parfois du mal à comprendre ce qu’il a voulu dire et ce qu’il peut provoquer chez le spectateur.
PHASE IV : L’EXPOSITION
Une fois satisfait de la réalisation, le créateur va très souvent éprouver le besoin de montrer ou de faire écouter l’oeuvre qui vient de voir le jour. Un peintre va souhaiter exposer ses peintures, un compositeur faire entendre sa musique. Cette phase peut être très difficile car il risque de s’exposer au regard critique, voire à l’incompréhension des autres. Par exemple Van Gogh, Bizet, les Impressionnistes…
Cela peut évidemment être très mal vécu par l’auteur et conduire à des périodes dépressives : Tchaïkovski, ou à des phénomènes de compensation : alcoolisme : Utrillo, Modigliani…
Mais inversement, l’artiste peut susciter l’admiration ce qui peut être extrêmement bénéfique pour lui.
La phase d’exposition permet la contemplation et met le spectateur en communication avec l’oeuvre d’art, c’est-à-dire à la phase III.
CHEZ LE Bénéficiaire
PHASE I : L’INSPIRATION
Cette phase est absente ou latente chez le bénéficiaire n’ayant pas d’activité artistique. C’est le rôle de l’art-thérapeute de provoquer le mécanisme créateur. Comment faire ? : il n’y a pas de formule miracle. Cela dépend de l’intuition et du savoir-faire de l’art-thérapeute. A lui de trouver la formule artistique, l’élément déclencheur qui va mettre le bénéficiaire en communication avec son subconscient. Par la pratique d’un art, ce phénomène peut se faire, dans certains cas, de façon automatique.
PHASE II : LA REALISATION
L’art-thérapeute va faire réaliser une oeuvre d’art au bénéficiaire. Il est bien évident que celui-ci, sauf exception, ne maîtrise aucune discipline artistique. C’est un passage à surmonter pour l’art-thérapeute qui va se trouver confronté à des réponses du genre : je ne sais pas dessiner, je ne sais pas jouer de musique. Il lui appartient alors d’expliquer au bénéficiaire que cela n’a aucune importance, que : « l’appétit vient en mangeant » et qu’il faudra faire un bilan après plusieurs séances d’art-thérapie.
Les pratiques artistiques qui permettent le plus facilement de communiquer avec le subconscient sont à privilégier : taches de couleur, peinture abstraite, percussions, bien que très souvent le bénéficiaire souhaite pratique l’imitation : représentation d’objets qu’il a sous les yeux : fruits, paysages… C’est donc le plus souvent dans une forme d’Art primaire que nous appellerons Art I que l’oeuvre va s’apparenter : griffonnage, taches de couleur, taper sur une table avec les doigts ou un instrument (musique aléatoire). On rejoint ici l’Art brut. L’Art II nécessitant une technique élaborée est plus difficile. On peut avoir un art d’imitation : dessin d’une pomme, chanson, ou bien une création en prise directe avec le subconscient : art fantastique, surréaliste…
En musique, très souvent les bénéficiaires vont chanter une chanson qu’ils ont dans la tête. Il s’agit là aussi d’un phénomène d’imitation. La véritable création musicale est la composition. D’où la technique du Pr. Giraud qui consiste à faire réaliser, note après note, une phrase mélodique au bénéficiaire qui crée ainsi sa propre musique.
PHASE III : LA CONTEMPLATION
1 Contemplation de l’oeuvre réalisée
Le bénéficiaire va observer l’oeuvre qu’il vient de réaliser. Dans les premières séances d’art-thérapie, il est en général mécontent : c’est mauvais : « je ne sais pas peindre, je ne sais pas jouer de musique ». Mais au fil des séances, les choses vont s’améliorer. Il est très important de faire prendre conscience des progrès enregistrés et d’amener le bénéficiaire à s’autoévaluer.
2 Contemplation des OEuvres d’Art
La phase de contemplation peut concerner aussi les oeuvres des grands artistes : visite de musées aux malades d’Alzheimer, faire écouter au bénéficiaire une musique, ou mettre un fond musical pendant une séance d’art-thérapie par les arts plastiques. Il s’agit d’art-thérapie passive.
Lorsqu’on montre une oeuvre d’art à un bénéficiaire, où lorsqu’on lui fait écouter une musique, soit il se passe quelque chose, soit il ne se passe rien. S’il ne se passe rien, cela signifie que le bénéficiaire n’est pas réceptif à ce moment-là, mais il pourra le devenir plus tard. A moins qu’il ne soit atteint d’amusie (perte du sens musical) ce qui est rare mais possible.
S’il se passe quelque chose, cela signifie que le bénéficiaire est réceptif à l’oeuvre d’art et qu’une communication s’établit. Ceci peut être extrêmement bénéfique. En outre, le niveau culturel du bénéficiaire peut jouer un rôle important : lorsqu’on apprécie une oeuvre d’art, la connaissance de la biographie de l’artiste, de l’époque où il a vécu, enrichit la perception.
PHASE IV : L’EXPOSITION
Cette phase n’est pas obligatoire en art-thérapie : l’oeuvre réalisée peut rester au stade de la séance d’art-thérapie et ne pas affronter le contact avec des tiers.
Mais souvent le bénéficiaire, après plusieurs séances, va être de plus en plus satisfait de ses réalisations et va accepter ou demander de monter les œuvres créées : faire voir un dessin, une aquarelle, à l’entourage, au personnel soignant, et cela peut être extrêmement positif et bénéfique. Pour la musique, le théâtre ou la danse, accepter d’être confronté à un public. Cela est l’aboutissement des séances d’art-thérapie et conduit à restaurer chez les bénéficiaires, la confiance en soi, l’estime de soi, l’affirmation de soi et à lutter contre l’état dépressif provoqué par les accidents de la vie.
site édité par Pr. Jean-Jacques Giraud